Au XVIème S. la ville de Lyon est en effet distinguée par le roi de France pour promouvoir la fabrication de soieries et en faire commerce.
Soutenue plus tard par Louis XIV et son ministre Colbert, la corporation des soyeux lyonnais assimile avant l’heure les mécanismes de la mode et n’aura de cesse d’imaginer de nouveaux motifs de soieries en réponse aux envies du moment. Pour soutenir cet emballement créatif, elle va même jusqu’à instituer une école de dessin dédiée à la création textile et concevoir les premières roseraies au monde pour nourrir l’inspiration de ses élèves. Ces dessinateurs qui travaillent pour les manufactures textiles lyonnaises sont de véritables lanceurs de modes et certains gagneront une grande renommée qui dépassera très largement le microcosme de la soierie entre Rhône et Saône : Jean Pillement ou Philippe de la Salle au XVIIIème S., Jean-François Bony au XIX ème S., Raoul Dufy, Sonia Delaunay. Au XXème S., les Colcombet, fondateurs de Bucol, feront notamment appel à Jean Dunand et Jean Cocteau pour réaliser certains de leurs dessins textiles …
L’essor planétaire de la soierie lyonnaise va être porté au fil des ans par les grandes innovations développées localement aussi bien dans le tissage que dans la teinture ou encore l’impression. Cette singularité régionale va nourrir la moitié de la population lyonnaise pendant deux siècles et conférer à Lyon et sa région le rang de premier producteur textile de France qu’on lui connait toujours aujourd’hui.
L’histoire de Bucol s’est véritablement forgée dans ce creuset unique au monde !
Une place incontournable
Pour Bucol, tout commence en 1924, lorsque Charles Colcombet, dont la famille incarne la prodigieuse créativité de la rubannerie stéphanoise depuis la fin du XVIIIème S, s’associe avec Claude Buchet, héritier de la grande tradition de la soierie lyonnaise.
Enrichi par cet incroyable héritage, Bucol va rapidement prendre une place incontournable dans le monde de la mode.
Très rapidement Bucol monte un studio de création à Lyon (dessinateurs, croiseurs de fils, coloristes …) et installe à Paris ses bureaux commerciaux, tous d’abord rue de la Paix puis rue Cambon (1966).
C’est à partir de cette adresse parisienne que Bucol va entreprendre sa conquête de la Haute Couture française : Coco Chanel, Cristobal Balenciaga, Christian Dior, Yves Saint Laurent, …tous adoptent les créations textiles de Bucol dans leurs collections.
Dans les années 1950, les Colcombet se font visionnaires en intégrant le Nylon nouvellement inventé par Dupont de Nemours, dans la fabrication de nouvelles étoffes totalement inédites. Ces nouveautés vont conforter la renommée de grands créateurs de la mode et être à l’origine d’évolutions déterminantes dans l’art de se vêtir.
C’est notamment le cas avec Yves Saint Laurent qui fera un usage immodéré de la Cigaline® de Bucol pour révolutionner la mode avec ses fameux nus habillés.
Le tournant des années 1990
Dans les années 1990, la maison Hermès imprime un véritable tournant à la tradition séculaire de la soierie lyonnaise.
Son intérêt pour la filière textile lyonnaise remonte au lancement de son premier carré en 1937 et au succès des collections qui s’en sont suivi.
Sous l’instigation d’Hermès, l’organisation de la soierie lyonnaise va passer du statut archaïque de « manufacture éclatée » à l’agrégation inédite de ses principaux métiers au sein d’une seule et même entreprise textile. Les métiers du tissage, de l’impression et de l’ennoblissement qui autrefois étaient représentés par des sociétés indépendantes, vont pour la première fois travailler main dans la main, au sein d’une même structure : C’est la naissance, en 2001, de la Holding textile Hermès.
Deux ans plus tard, Bucol intègre la Holding et en devient une composante essentielle en offrant aux professionnels de la mode un accès unique à l’ensemble des métiers de la filière.
Maître d’œuvre au service des Directions Artistiques des grands noms de la mode, Bucol met à leur disposition la haute qualification de ses dessinateurs et croiseurs de fils, l’expertise de ses artisans tisseurs, imprimeurs ou ennoblisseurs, ainsi que la richesse d’inspiration de ses archives.
Au cours des mêmes années 1990 et 2000, au fur et à mesure que les grandes maisons de prêt-à-porter structurent leur politique de communication, les liens avec leurs fournisseurs se teintent d’une légitime discrétion. La confidentialité est désormais de mise et dans le respect des relations qui attachent Bucol fidèlement à ses clients, la maison s’abstient d’afficher son nom derrière les qualités emblématiques qui contribuent jour après jour à l’image de marque de ses clients de la couture.
C’est ainsi que Bucol, stimulée par ces collaborations étroites et individualisées, va continuer à innover non seulement pour accompagner les grandes évolutions de la mode mais plus spécifiquement pour répondre aux nouvelles orientations que les Directions Artistiques clientes souhaitent donner à leurs nouvelles collections.
Au-delà des innovations dictées par les tendances, Bucol porte également une attention toute particulière à sa responsabilité sociétale et poursuit ses missions de développement textile avec un souci constant de minimiser son empreinte écologique. De plus, le regroupement des ateliers de l’ensemble de sa chaîne de fabrication dans une même région et au sein de la même entreprise, génère un gain de temps et d’argent appréciable ainsi qu’une nette amélioration du bilan carbone.
En tentant de concilier les aspirations des clients en termes de qualité et de réactivité avec les enjeux économique, sociétaux et environnementaux, le nouveau modèle économique de la soierie lyonnaise incarné par Bucol répond à l’évolution du marché de la mode, d’autant plus qu’en terme d’image de marque, la création textile a changé de camp, en passant progressivement, du « fabricant » lyonnais » aux maisons de mode de Paris, Milan, Londres ou New York.
Pouvoir faire la synthèse entre la tradition, qui réside aussi bien dans les savoir-faire labelisés EPV de ses ateliers que dans les ressources inépuisables de ses archives, et l’innovation, représentée par sa force créative et ses aspirations sociétales et économiques, est sans doute ce qui fait la force de Bucol et présage le mieux de l’avenir toujours radieux d’une histoire séculaire